Le mépris de l'éthique vient, dans le christianisme, de l'amour de la logique. Je me sentirais imbécile de porter un jugement de valeur sur Attila, Napoléon, Hitler ou Staline. La morale repose entièrement sur l'éloge de la médiocrité : or le dieu des chrétiens vomit les tièdes.
Si Molière est le plus grand théologien chrétien de langue française, -et rien de plus naturel que les géomètres, marqués du sceau de Satan, souhaitent l'anihiler au profit de quelque science molle ou cinéma-, c'est en raison de ses avertissements contre toute forme de doctrine sociale, et les divers prétextes d'en fabriquer une, qui vont de la sottise extrême au cynisme absolu. Shakespeare dit la même chose : gardons-nous de croire qu'il y a quelque chose de pur dans l'éthique, sous peine de devoir décréter un jour que la merde a un parfum de rose.
Molière a rendu un plus grand service au peuple français que tous les philosophes des Lumières. Français, ne soyez pas des tartufes : jugez du christianisme à travers Molière et non un pape allemand revêtu du costume de Pangloss ; et jugez si l'éthique publicitaire moderne est bien placée pour donner des leçons de morale à quiconque.
Les systèmes seuls sont condamnables, pour les hommes ils sont déjà tous condamnés, pour peu qu'ils entrent dans le jeu social, à la place sur l'échiquier où le hasard manipulateur les place.