Le pape et la paix

L'évêque de Rome vient une nouvelle fois d'appeler à la paix en Syrie. Quelques extraits:

«Pourquoi tant d'horreurs? Pourquoi tant de morts? J'en appelle à la communauté internationale!»

«J'en appelle aux pays arabes afin qu'en frères ils proposent des solutions viables qui respectent la dignité de chaque personne humaine, ses droits et sa religion.»

«Tournons-nous maintenant vers Marie, Notre Dame du Liban, autour de laquelle se retrouvent les chrétiens et les musulmans.»

«Puisse Dieu concéder à votre pays, à la Syrie et au Moyen-Orient le don de la paix des cœurs, le silence des armes et l'arrêt de toute violence! Puissent les hommes comprendre qu'ils sont tous frères!»

Quelques observations :

- Pourquoi tant d'horreurs? Pourquoi tant de morts? Les évangiles répondent: à cause du péché originel. Pourquoi est-il si difficile à vaincre ? Parce que l'homme ne pense qu'à vivre, et au bonheur, but déterminant le rapport des forces sociales, que jamais aucune doctrine sociale n'a pu dissoudre autrement que par des phrases. Ainsi le chrétien Jean-Jacques Rousseau explique de façon convaincante comment la propriété est le ferment de la corruption et de la violence sociale ; mais jamais Rousseau n'explique de façon convaincante comment une société peut se passer du droit. L'égalité n'a jamais été qu'un vain mot. Les démunis en sont mieux informés que les nantis.

- La communauté internationale en qui le pape J. Ratzinger voit un interlocuteur privilégié (?) est responsable des guerres, résultat d'une compétition internationale. Les organisations internationales de paix hypocrites sont contemporaines des plus grandes violences et exactions commises au sein de la communauté internationale.

- Ou bien les chrétiens et les musulmans sont unis spirituellement, et dans ce cas les étiquettes religieuses n'ont plus de sens ; ou bien ils défendent au nom du christianisme et de l'islam des territoires et des biens matériels ou familiaux que, pour sa part, le dieu des chrétiens n'a jamais bénis, mais seulement des clercs renégats.

- Le fils de Dieu a proscrit à son apôtre, Pierre, de prendre une arme pour le défendre ; comment permettrait-il à ceux qui se réclament de lui de porter les armes pour aller imposer la démocratie dans le tiers-monde, démocratie dont il n'est absolument pas question dans les évangiles - démocratie qui ne contredit pas moins le christianisme que le culte solaire et la monarchie de droit divin égyptienne.

Que le pape fasse ce qui est dans ses moyens, est-on tenté de dire, et enjoigne aux patriotes chrétiens de son Eglise de ne plus se servir du christianisme pour servir leurs intérêts. Les discours de paix des organisations internationales de paix depuis la SDN sont-ils admirables ? Non, ils sont parfaitement méprisables.

- Le messie ne préside pas les nations, le Liban ou une autre. Il ne cesse de répéter que son royaume de paix n'est pas de ce monde, qui passera avant que sa parole ne passe. Qui "passera", c'est-à-dire qui mourra, comme il s'y emploie à merveille, trouvant dans la science mondaine toutes les ressources pour ce faire.

- Comment "le monde" ou la "communauté internationale", qui lorsqu'elle vivait sous le régime d'une étrange morale chrétienne romaine n'a pas connu la paix, répondrait-elle aujourd'hui aux voeux pieux d'un pape qui compte désormais pour du beurre ?

- L'enfer est, dit le proverbe, pavé de bonnes intentions : celles-ci ne doivent sans doute pas être éloignées de la nature du péché originel.